La loi Montchamp de 2005 «pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées» puis la loi Peillon de 2012 de refondation de l’école ont érigé en principe l’école inclusive. La confédération Force Ouvrière a toujours milité pour la pleine et entière intégration sociale et scolaire des personnes handicapées dès leur plus jeune âge dans l’école de la république mais uniquement dans des conditions optimales pour tous.
C’est la raison pour laquelle dès 2006 par un courrier de Jean-Claude Mailly au premier ministre de l’époque, Force Ouvrière s’est inquiétée des conditions de la mise en oeuvre de la loi Montchamp élevant au rang de principe l’inscription des enfants et des jeunes handicapés dans leur école de quartier. Pour Force Ouvrière, la scolarisation des enfants handicapés ne peut être examinée qu’au cas par cas par des professionnels qualifiés selon la nature et le degré de handicap et seulement après avoir mobilisé les moyens humains et financiers nécessaires à un accueil adapté.
La situation est alarmante, les moyens humains et financiers n’ont pas été mis en œuvre. Pire, la loi Montchamp puis la loi de refondation ont servi de paravent à la fermeture massive de postes d’enseignants spécialisés, de structures spécialisées. Plus de 250 000 élèves sont inclus sans maître spécialisé dans des classes ordinaires aux effectifs en constante augmentation.
Les EREA et les SEGPA sont menacées de disparition. Les MDPH (MDA) qui prennent les décisions agissent dans le cadre de budgets contraints des conseils généraux mis à mal par l’austérité et la réforme territoriale. Nous sommes très loin de «l’égalité des droits et des chances».
Récemment l’existence des qualifications d’enseignants spécialisés a été remise en cause. Certaines agences régionales de santé (ARS) en accord avec des Régions suppriment les établissements spécialisés. Les résultats sont catastrophiques. Les tensions sont multiples. Des enfants souffrent, d’autres ne sont plus accueillis dans aucune structure ; des milliers d’enseignants sont dans l’impossibilité de répondre aux situations qui leur sont imposées et qui mettent en cause le fonctionnement des classes de l’école publique.
Ce ne sont ni les enfants handicapés et leur famille, ni les enseignants qui portent la responsabilité d’une situation inextricable génératrice de tensions mais l’incurie des pouvoirs publics. En réalité, il revient au nouveau gouvernement de prendre ses responsabilités pour assurer l’orientation scolaire adaptée au handicap et aux difficultés de l’élève avec une prise en charge médicale, paramédicale et éducative appropriée.
Le CAPPEI en lieu et place du CAPA-SH et du 2 CA-SH
Le ministère recule sur la fusion des corps et les postes inter-degrés !
Abrogation du CAPPEI !
02.03.2017
CAPPEI : une remise en cause de la formation spécialisée et des statuts
Au nom de l’inclusion, l’enseignement spécialisé est menacé !
Le 26 janvier, le Conseil supérieur de l’éducation examinait les projets de décret et d’arrêtés
Trois projets de textes (décret et arrêtés) ont été présentés au Conseil supérieur de l’éducation (CSE), permettant la mise en place du Certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive (CAPPEI). De quoi s’agit-il ?
Une nouvelle certification, commune au premier et second degré, en lieu et place du CAPA-SH et du 2CASH (2nd degré).
Vote sur le projet de décret :
36 pour, 18 contre, 4 abstentions, 8 rppv *
* refus de participer au vote
Force Ouvrière a voté contre les projets de textes.
Les personnels ne sont pas dupes : structures spécialisées, SEGPA, EREA, IME… par la mise en place d’une nouvelle formation au rabais (CAPPEI) et au nom du « tout inclusif», ces structures sont clairement menacées. Y compris les RASED puisque les projets de textes sur le CAPPEI ne différencient que trop peu les options E et G. En réduisant à la portion congrue la formation des aides spécialisées, le rôle même des RASED est remis en cause. Inacceptable.
Comme l’a déclaré la FNEC FP-FO lors du CSE du 26 janvier : « cette nouvelle certification, avec la disparition des options A-B-C-D-E-F-G au profit de personnel ressource ne répond pas aux revendications des personnels et s’inscrit dans le processus de fusion de corps. Pour la FNEC-FP FO le maintien d’un enseignement adapté à la difficulté et/ou au handicap de chaque élève nécessite le maintien de tous les postes spécialisés, de toutes les classes et structures spécialisées. »
Nous revendiquons :
- l’abandon des projets de textes présentés au CSE du 26 janvier ;
- l’abandon du projet de circulaire sur les EREA/ERDP ;
- le maintien d’un enseignement adapté à la difficulté et/ou au handicap des élèves ;
- le maintien de tous les postes ASH, de toutes les classes et structures spécialisées ;
- le maintien du CAPA-SH, du 2CASH avec toutes leurs options ;
- l’abandon de la loi Montchamp de 2005, abandon de la loi de refondation de l’école.
Décret sur les Instituts Thérapeutiques, Educatifs et Pédagogiques (ITEP) : les établissements spécialisés en ligne de mire
Le projet de décret relatif au fonctionnement en dispositif intégré, présenté au CSE, vise à appliquer l’article 91 la loi «santé» dite de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016.
Vote sur le projet de décret :
42 contre, 22 pour, 4 abstentions
Pour le ministère, il s’agit d’un « décret contraint» puisque la loi est « prescriptive». L’objectif serait d’apporter «une plus grande souplesse dans le parcours de formation et l’accompagnement». Force Ouvrière est intervenue en séance pour dénoncer le fait que cette « souplesse » conduirait à ce qu’un élève orienté en ITEP puisse être transféré dans une SEPGA, un EREA ou une ULIS. Et sans que la CDAPH de la MDPH soit saisie et émette un avis !
C’est bien un processus de déréglementation, et la poursuite de la destruction des structures spécialisées.
Le principe d’inclusion scolaire de la loi de refondation de l’école apparait chaque jour davantage pour ce qu’il est : un moyen de fermer les structures spécialisées, de remettre en cause les SEGPA, les EREA, les IME, la formation spécialisée avec le CAPPEI en lieu et place du CAPA-SH et du 2CA-SH, de réduire la rémunération des enseignants spécialisés pour appliquer l’austérité y compris à l’enseignement spécialisé.
14.12.2016
En application de l’article 91 de la Loi Santé, la ministre veut instaurer des «dispositifs ITEP» dérogeant aux notifications MDA (Maison des droits et de l’autonomie ; ancienne MDPH)
La ministre présentera au CSE du 26 janvier 2017 un projet de décret relatif au fonctionnement en dispositif intégré prévu par l’art 91 de la loi dite de modernisation de notre système de santé du 26 janvier 2016.
La loi Santé détruit les hôpitaux…
Cette même loi instaure notamment 135 Groupements hospitaliers de territoire (GHT) qui conduisent à la suppression de 22 000 postes et 16 000 lits dans les hôpitaux pour réaliser 844 millions d’économies supplémentaires en 2017.
Le 8 novembre à l’appel de FO, CGT et SUD, des milliers d’hospitaliers ont fait grève, ont manifesté massivement contre les restructurations et la réduction des effectifs et poursuivent leur mobilisation.
… son article 91 menace les établissements spécialisés
Ce projet de décret prévoit de créer un fonctionnement en «dispositif ITEP SESSAD» qui permettrait de déroger au PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) et aux notifications de la MDA. Un tel dispositif s’inscrit dans la même logique de restructuration/fusion de services avec les GHT et au final de suppressions de postes et de structures entières.
Ainsi la MDPH notifierait «dispositif ITEP» au sein duquel le PPS qui fixe les conditions d’accueil, le temps de scolarisation, les aménagements des locaux, la présence d’un AVS dans la classe… pourrait être modifié (Art D. 351-10-1) au gré des moyens disponibles et des contingences locales à l’image de la convention ARS-région Rhône/Alpe/Auvergne dont l’objectif avéré est de réduire le nombre de postes d’enseignants spécialisés.
L’art D. 351-10-3 du projet permettrait qu’un élève orienté en ITEP puisse être transféré dans une SEGPA, un EREA ou une ULIS sans autre forme de procès que l’accord des autorités académiques, formalisée par une simple convention, sans que la CDA (Commission des droits et de l’autonomie) soit saisie et émette un avis. La CDA, garante du suivi adapté de ces enfants, serait totalement dessaisie.
Ce serait une remise en cause du droit des enfants présentant un handicap à bénéficier d’une prise en charge adaptée à leurs besoins. Ce processus de déréglementation ne peut que conduire à une désorganisation du fonctionnement de ces structures spécialisées.
L’inclusion scolaire c’est l’austérité appliquée à l’enseignement spécialisé
Ce projet s’insère dans une longue liste de mesures : remise en cause des SEGPA, des EREA, de la formation spécialisée avec le CAPPEI…
Le principe d’inclusion scolaire de la Refondation apparait chaque jour davantage pour ce qu’il est : un moyen de fermer les structures spécialisées, de réduire la rémunération des enseignants spécialisés pour appliquer l’austérité y compris à l’enseignement spécialisé.
La FNEC-FP-FO demande l’abandon de ce projet de décret
Autant de mesures auxquelles la FNEC-FP-FO est opposée. Elle s’adresse à la ministre pour que ce projet de décret soit retiré. En tout état de cause, si elle maintenait son projet, Force Ouvrière votera contre ce projet de décret.
03.11.2016
Inclusion scolaire
Notre dossier spécial (4 pages)
14.11.16
Inclusion scolaire
L’inclusion scolaire inscrite dans la Refondation condamne l’enseignement spécialisé à la disparition !
Dans le cadre de la loi de refondation, qui consacre l’inclusion des élèves en situation de handicap, le ministère confirme sa volonté de publier rapidement (d’ici décembre) une nouvelle circulaire sur les EREA, rénovant celle du 17 mai 1995, avec la même philosophie inclusive que la nouvelle circulaire qui prépare la disparition-dilution des SEGPA.
Comme pour l’ensemble de la loi de refondation, le ministère aborde ce dossier par les missions des agents au détriment du respect des statuts particuliers.
Ainsi la poursuite de la destruction des EREA, des SEGPA des ULIS, des ITEP… et des postes d’enseignants spécialisés qui y sont affectés… et de tout l’enseignement spécialisé passe à cette étape par la remise en cause de la formation spécialisée et des indemnités de fonctions dans l’enseignement spécialisé.
Ainsi la ministre lance la fusion du CAPA-SH et du 2CASH en une formation unique premier et second degré : le CAPPEI. Ce projet prévoit une formation réduite de moitié et la disparition des spécificités par option qui remettrait en cause l’existence même des postes spécialisés au nom de l’inclusion scolaire.
Toutes les catégories sont concernées
Avec le CAPPEI, la ministre entend poursuivre sa logique de fusion des corps débutée avec le corps des psychologues de l’éducation nationale. Ainsi comment affecter indistinctement sur des postes ASH des enseignants de corps différents dont les Obligations Réglementaires de Service sont de 18, 21 et 24 heures d’enseignement hebdomadaires, sauf à vouloir aligner tous les corps enseignants
sur un temps de travail annualisé de 1607 heures? C’est la destruction des statuts particuliers des PE, des certifiés et des agrégés.
Côté indemnités dans l’ASH, les dernières propositions ministérielles aboutiraient à des pertes financières annuelles pouvant atteindre 350€ pour les PE spécialisés, 500€ pour le PLP. Les directeurs d’EREA en application du texte de 2014 qui les oblige à être PER DIR perdent 200 €/ mois, ce qui aboutit à ce que 20 directions d’EREA sur 80 soient occupées par des faisant fonction en contradiction complète avec leur besoin de personnels stables, investis et reconnus.
Pour la FNEC-FP-FO, le maintien d’un enseignement adapté à la difficulté et/ou au handicap de chaque élève nécessite le maintien de tous les postes spécialisés, du CAPA-SH avec toutes ses options, de toutes les classes et structures spécialisées. La loi de 2005 et la Refondation doivent être abandonnées.
La FNEC-FP-FO, disponible pour l’action commune sur les revendications, poursuit son intervention à tous les niveaux et appellent les personnels à se réunir pour réaffirmer les revendications.
25.11.2015
Inclusion scolaire
La ministre doit apporter des réponses en urgence, pour protéger les personnels et les élèves.
Vous êtes de plus en plus nombreux, enseignants en Mayenne, a nous interpeler sur les conditions dégradées de la classe inclusive. Principe noble en soit, l’inclusion scolaire, faute de moyen, et de responsabilité de l’Etat, met aujourd’hui trop souvent les collègues en difficulté, voir en situation de souffrance et parfois de danger.
RASED en voie de disparition, pôle ressource à la rescousse (pour faire culpabiliser les enseignants ?), dissolution des SEGPA, suppression de l’option F du CAPA-SH, PAP…
Le désengagement de l’Etat organisé par la loi de 2005, entraîne un transfert de responsabilités vers les MDA (MDPH) qui fait dépendre les droits des personnes en situation de handicap des politiques et des budgets des conseils généraux avec des délais de réponse extrêmement longs.
Alors que les personnes en situation de handicap auraient besoin de l’intervention de l’Etat pour leur assurer des droits égaux sur tout le territoire national, la loi de 2005 a organisé le désengagement de l’Etat et institué l’inégalité de traitement de fait.
Les postes d’enseignants spécialisés toutes options confondues, les structures spécialisées (RASED, IME, ITEP, CLIS…) ont été massivement réduits. Un élève en IME coûte en moyenne sept fois plus cher qu’en classe banale. La preuve est faite, la loi de 2005 est une loi d’austérité et de régionalisation.
De ce fait, la loi de février 2005 sur le handicap, a très largement contribué à dégrader les conditions de travail dans les écoles. Au nom de l’ «inclusion scolaire » inscrite dans la loi de Refondation, plus de 200 000 enfants sont « intégrés » dans les classes ordinaires.
>Lire le communiqué du SNUDI FO<