Fortes chaleurs et températures caniculaires : mes droits, les obligations de l’employeur

Fortes chaleurs et températures caniculaires : mes droits, les obligations de l’employeur

Le directeur académique doit, comme représentant de l’employeur, respecter et faire respecter les parties du Code du travail qui s’appliquent aux fonctionnaires. Elle doit rappeler aux maires leurs obligations en matière de chauffage convenable.

Alors que le Ministère a mis à jour ses Recommandations aux directeurs d’école et chefs d’établissement pour prévenir les effets de la canicule en indiquant notamment :

Il appartient aux directeurs d’école et chef d’établissement, dans le respect des consignes données par les autorités académiques et départementales, d’apprécier l’opportunité de maintenir les sorties scolaires ou les évènements collectifs ou festifs selon leur nature et leur condition, au regard des risques d’exposition à la chaleur qu’elles présentent, notamment pour les élèves les plus jeunes et les plus fragiles.

Le SNUDI-FO 53 refait un point sur ce qui peut être fait pour préserver nos conditions de travail face aux températures excessives.

Si vous êtes confrontés à des températures trop élevées dans votre classe, FO vous invite à compléter une fiche RSST (fiche RSST à télécharger ou version dématérialisée) voire, en fonction de la situation de procéder au signalement de danger grave et imminent avec un représentant FO en F3SCT et pour exercer un droit de retrait. Attention, cela ne signifie pas que vous quittez l’école dans l’instant ! Ce signalement prévient l’Administration que cela risque d’arriver si rien n’est mis en œuvre en urgence (en effet la fiche RSST dite d’observation du registre Santé et Sécurité au Travail n’est parfois pas adaptée à la gravité d’une situation de froid intense, son traitement par l’Administration peut durer des semaines avant l’examen en F3SCT !).

En savoir + sur les RSST

Adresser ces documents à votre IEN, et au SNUDI-FO qui transmettra à ses représentants à la Formation Spécialisée Santé et Sécurité des conditions de Travail ( F3SCT) départementale pour intervention auprès de la Direction Académique. Les ATSEM peuvent faire un semblable signalement adressé au Maire qui est leur employeur. Les parents peuvent aussi compléter le RSST usager (fiche à télécharger ou version dématérialisée).

Le directeur académique est obligé de répondre immédiatement à la situation de « danger grave et imminent » au risque d’être responsable légalement des conséquences sur la santé des personnels placés sous sa responsabilité (enseignants, AESH).

Le SNUDI-FO vous invite à faire des relevés de température dans différentes classes toutes les heures après l’envoi de la fiche pour établir que la mise en danger est durable.

ATTENTION ! Mesurez la température au milieu de la classe, à au moins 50 cm du sol et surtout pas contre un mur. La consigner avec précision : température relevée à heure, lieu, date.

Rappelons une nouvelle fois à notre hiérarchie, Recteur, DASEN et IEN, ce que dit la réglementation qu’ils ont charge d’appliquer et de faire respecter.

Aucun texte réglementaire ne précise officiellement les températures “seuils” sur les lieux de travail.

Mais de nombreux organismes donnent des indications suite à des études poussées.

Et le code du travail est très clair quant aux obligations des employeurs sur la prise en charge de la santé sécurité au travail.

Le décret du 25 mai 2025 prévoit de nouvelles obligations pour l’employeur et est venu modifier le code du travail :

Article L4121-1 « L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. »

Article R. 4223-13 : “Les locaux fermés affectés au travail sont, en toute saison, maintenus à une température adaptée compte tenu de l’activité des travailleurs et de l’environnement dans lequel ils évoluent. En cas d’utilisation d’un dispositif de régulation de température, celui-ci ne doit émettre aucune émanation dangereuse”

Article R 4223-15 « L’employeur prend, après avis du médecin du travail et du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail ou, à défaut, des délégués du personnel, toutes dispositions nécessaires pour assurer la protection des travailleurs contre le froid et les
intempéries. »

Art. R. 4225-2. : “L’employeur met à disposition des travailleurs de l’eau potable et fraîche pour leur permettre de se désaltérer et de se rafraîchir.”

Art. R. 4463-2: “L’employeur évalue les risques liés à l’exposition des travailleurs à des épisodes de chaleur intense, en intérieur ou en extérieur.
Lorsque l’évaluation identifie un risque d’atteinte à la santé ou à la sécurité des travailleurs, l’employeur définit les mesures ou les actions de prévention prévues au III de l’article L. 4121-3-1.”

Art. R. 4463-5 : “Lorsqu’il est informé de ce qu’un travailleur est, pour des raisons tenant notamment à son âge ou à son état de santé, particulièrement vulnérable aux risques liés à l’exposition aux épisodes de chaleur intense, l’employeur adapte, en liaison avec le service de prévention et de santé au travail, les mesures de prévention prévues au présent chapitre en vue d’assurer la protection de sa santé.


C’est donc bien aux employeurs, l’Éducation Nationale en l’espèce, que s’appliquent les dispositions du Code du travail relatives aux températures, en particulier.

Depuis 2002, plusieurs arrêts de la Cour de Cassation ont précisé que l’obligation générale de sécurité des employeurs (la hiérarchie de l’Éducation Nationale pour nous) était une obligation de sécurité de résultat dans le domaine de la protection de la santé et de la sécurité des salariés.

Le Code du travail reste vague sur ce point. Toutefois, plusieurs sources officielles donnent des valeurs indicatives pour les travailleurs.


Parmi elles, l’ANACT (Agence Nationale pour l’Amélioration des Conditions de Travail) et l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) recommandent l’application de la Norme Afnor NF S 35-121 (ISO 7730).

Cette norme précise des fourchettes de températures acceptables en fonction de l’activité des personnes :

Type d’activitéTempérature de la pièce
Activité légère, position assise20° – 22°
Activité debout17° – 19°
Activité physique soutenue14° – 16°

Une étude de février 1983 de l’ANACT recommandait les valeurs indicatives suivantes pour la température (sèche) de l’air, sachant que la sensation de chaleur est accrue par l’intensité de l’effort physique lié au travail :

– 21 à 23°C pour un travail sédentaire en position assise
– 19°C pour un travail physique léger en position assise
– 18°C pour un travail physique léger en position debout
– 17°C pour un travail physique soutenu en position debout
– 15 à 16°C pour un travail physique intense


Le Ministère du Travail (la DRT)En 1994 a été édité un guide d’évaluation des risques professionnels. La fiche 4, « ambiance thermique » indique : L’ambiance thermique est déterminée par trois paramètres :
– température sèche
– humidité
– vitesse de l’air.

Et présente un tableau « établi selon les travaux de spécialistes en physiologie du travail » qui indique que pour un “travail de bureau ou facile en position assis le maximum supportable est de 24°C, 22°C pour un travail facile en position debout“.



Il y a également la Norme X35-203 (mars 2006). Cette norme internationale préconise des échelles de températures à respecter :

  • Dans les bureaux à 20 à 22 °C
  • Dans les ateliers avec faible activité physique à 16 à 18 °C
  • Dans les ateliers avec forte activité physique à 14 à 16 °C

Si l’on se réfère à toutes ces valeurs, on peut considérer qu’une température de 15, 13 ou 10°C tout au long de la journée est plus qu’« inconfortable » et que l’employeur Éducation Nationale n’assure plus la sécurité de ses enseignants et AESH et encore moins des élèves que lui sont confiés.

Rappelons par ailleurs que l’enfant est plus sensible au refroidissement que l’adulte : en effet, le refroidissement du corps est fonction du rapport entre la surface corporelle et la masse (ainsi un adulte de 20 ans mesurant 1,77 m et pesant 64 kg a un rapport surface/masse corporelle de 280 cm²/kg alors qu’un enfant de 8 ans, mesurant 1,28 m et pesant 25 kg, en a un de 380 cm²/kg).

Plus le rapport est élevé, plus le corps va se refroidir rapidement.

L’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) considère qu’au-delà de 30 °C pour une activité sédentaire, et 28 °C pour un travail nécessitant une activité physique, la chaleur peut constituer un risque pour les salariés” et donc à plus forte raison pour des enfants.

Chacun se souvient que lors des différentes canicules comme en juin 2017 et en juin 2019, des collègues et des élèves ont été très fortement incommodés par la chaleur dans les locaux. Il n’est pas acceptable que cela se reproduise et des mesures sérieuses doivent être immédiatement prises par l’État-employeur, Rectrice et DASEN, afin de protéger la santé des personnels et des élèves quand cela survient.

La santé et les conditions de travail des personnels et des élèves n’ont pas à être dégradées par une augmentation importante de la température dans les classes ni par des économies sur rénovation énergétique et d’isolation des bâtiments scolaires.

Partout où ce sera nécessaire, il doit être fourni des climatiseurs mobiles et de l’eau fraîche tant que la température ne sera pas retombée à un niveau supportable.

Pour FO, il n’est pas envisageable de travailler par des températures présentant un danger pour la santé des personnels et des élèves ! En conséquence, si les mesures de sécurité qu’appelle la situation ne sont pas prises, la question du droit de retrait sera posée.

Si des mairies ne sont pas en mesure de fournir ce matériel alors la décision de fermeture des écoles doit être prise.  

Si les températures ne permettent pas de travailler dans un cadre « confortable », la collectivité a le devoir de mettre à disposition des locaux de substitution permettant de faire classe. Si la situation n’est pas rétablie dans « des délais raisonnables » ( plus ou moins d’un jour), et qu’il n’y a pas d’autres locaux permettant de faire classe et non de garder les élèves, il appartiendra à la collectivité de gérer la situation et de communiquer auprès des familles : accueil ou non des enfants, fermeture de l’école… (Le maire en a le pouvoir !)

Le SNUDI-FO invite toutes les équipes confrontées à des températures «insupportables» :

  • à faire un SIGNALEMENT journalier sur le Registre Santé et Sécurité au Travail avec un relevé des températures des salles de classe.
  • à saisir le médecin scolaire pour faire consigner les cas de malaise des élèves
  • à aller voir votre médecin si besoin qui établira un certificat initial d’accident du travail. (Contacter le syndicat pour la démarche)
  • à informer les parents d’élèves de la situation qui peuvent également saisir la Direction académique et les services de la Mairie

Le SNUDI-FO vous invite également :

  • à appeler le SAMU à la moindre suspicion d’un coup de chaleur,
  • à faire un signalement de tout malaise ou hyperthermie (à la mairie, à l’IEN, au Président de la F3SCT D (le DASEN) et aux représentants FO à la F3SCT D).
  • à saisir le Médecin scolaire, le DDEN, à alerter les parents.

Pourquoi FO ne participera pas aux « assises de la Santé scolaire » ?

Pourquoi FO ne participera pas aux « assises de la Santé scolaire » ?

Un groupe de travail ministériel le 7 Mai 2025 a confirmé toutes nos craintes : tout est déjà décidé, tout en voulant nous faire croire que ça ne l’est pas !

La méthode du ministère est simple :
➢Un questionnaire envoyé aux parents et aux personnels avec des questions orientées choisies par lui-même et des résultats qui, « étonnamment », confortent ses préconisations
➢Des concertations des organisations syndicales dans lesquelles aucun élément concret n’est jamais annoncé mais des concertations dans lesquelles les revendications exprimées ne sont jamais prises en compte ; des GT qui se suivent et se ressemblent pour ne rien dire
➢Des audits et des rencontres dans 3 académies qui ne retiennent que les propos allant dans le sens des orientations du ministère

Le ministère confirme trois grandes orientations desquelles découleront la réforme de la santé scolaire :
➢La primauté de l’intervention dans le 1er degré (avec, entre autres, de nouvelles modalités pour le bilan de la 6ème année)
➢La création d’un poste de Conseiller Technique de PsyEn référent en santé mentale
➢La création d’un pôle santé social sous l’égide du DASEN
➢Une feuille de route santé social qui se déclinera à plusieurs niveaux et s’adaptera aux besoins locaux
➢La priorité aux élèves ayant des besoins particuliers

Mais aucun des besoins des personnels ne trouve de réponse dans ce projet et les propos du ministère :
⮚Refus de s’engager sur des créations de postes compte tenu, dit-il, des incertitudes sur le projet de loi des finances. De l’argent il y en a : des milliards pour financer la loi de programmation militaire et pour le budget de la défense. Ce sont des choix politiques. La santé des élèves et les conditions de travail des agents n’a pas à faire les frais de l’économie de guerre imposée par ce gouvernement et ses prédécesseurs.
⮚Refus de s’engager sur la revalorisation des grilles indiciaires : pas de CTI pour les AS, toujours rien de concret pour les médecins auxquels la promesse de revalorisation faite depuis des années n’est toujours pas tenue et toujours 30% de perte de pouvoir d’achat depuis 2000 pour tous les fonctionnaires.

La FNEC FP-FO n’est pas dupe : les assises de la Santé scolaire visent à associer les syndicats à une transformation de la santé scolaire pour masquer le manque de moyens. Il y aurait soi-disant des doublons avec le milieu libéral ou le champ de compétence du ministère de la santé ! Comment oser parler de doublons à l’heure où les déserts médicaux s’amplifient sur le territoire national, à l’heure où les services des urgences psychiatriques sont saturés, réduisent leurs heures d’ouverture, où les listes d’attente s’allongent en pédopsychiatrie, aux CMP, CMPP, ou les services de protections de l’enfance saturés… ?

Nous défendons une santé scolaire basée uniquement sur les besoins des élèves – de tous les élèves du 1er degré et du second degré- basée sur des services complémentaires avec des personnels qualifiés, avec un statut, en nombre suffisant.

Pas de problème de coordination si chacun des services respectifs dispose de moyens en postes, en matériel et frais de déplacements !

Parce qu’elle refuse de cautionner cette mascarade, la FNEC FP-FO boycottera ces assises. Elle appelle les personnels à participer aux réunions d’informations syndicales qu’elle organise pour définir les revendications et organiser l’action commune la plus large pour faire reculer le gouvernement sur ce projet.

Amiante : stop à l’omerta sur la présence d’amiante dans les établissements scolaires !

Amiante : stop à l’omerta sur la présence d’amiante dans les établissements scolaires !

Après le dossier publié dans le quotidien Libération en juin 2019 dont nous avions publié des extraits, l’émission « Vert de rage », diffusée le 4 mars 2024 par France 5 qui alerte sur les scandales environnementaux, traite de la question de l’amiante dans les établissements scolaire. Le constat est alarmant : un tiers des établissements pour lesquels les journalistes ont eu des informations contiennent de l’amiante … et la Mayenne ne fait pas exception !

La vidéo qui brise l’omerta sur l’amiante, dans les établissements scolaires : “Amiante, nos écoles malades”

Depuis de nombreuses années, la Fédération Force Ouvrière de l’Enseignement (FNEC-FP-FO) ne cesse d’alerter l’Administration concernant la présence d’amiante dans les établissements scolaires. Force Ouvrière suscite des démarches de protection par des signalements (RDGI et RSST) quand la présence d’amiante lui est signalée. FO revendique la mise en place d’un plan de désamiantage et que les personnels exposés à l’amiante, y compris ceux partis à la retraite, soient recensés et bénéficient d’un suivi médical sérieux.
        
A cette rentrée, les représentants FO à la Formation Spécialisée en Santé et Sécurité au Travail de la Mayenne, demandent à nouveau l’inscription à l’ordre du jour le dossier épineux de l’amiante. Depuis des années, FO en Mayenne demande la cartographie des établissements dans lesquels le danger est réel pour exiger que des travaux soient faits au plus tôt. Signalons que des DTA mentionnent la présence d’amiante dans certains établissements depuis 20 ans sans que rien n’ait été fait.

Prenez connaissance de notre dossier spécial amiante où vous pourrez notamment trouver des interventions de la FNEC-FP FO 53 contre l’amiante dans les instances qui traitent de la santé et de la sécurité au travail (les CHSCT et maintenant les F3SCT académique et départemental)

⚠️Le dossier spécial à télécharger

🚨Vous informer et comprendre en participant au stage du mardi 9 avril à Laval, santé et sécurité au travail. Inscription impérative avant samedi 9 mars

Pour s’inscrire : https://snudifo-53.fr/inscription-aux-stages/

Amiante Fiche toxicologique n° 145 éditée par l’INRS (l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles.
https://www.inrs.fr/publications/bdd/fichetox/fiche.html?refINRS=FICHETOX_145

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