LA RETRAITE PROGRESSIVE
Le 1er septembre 2023 est entrée en vigueur la contre-réforme des retraites du gouvernement Macron-Borne. Une grande partie des salariés, des fonctionnaires et plus largement des citoyens s’est opposée pendant des mois à ce texte, qui a fait prendre 2 ans ferme à tout le monde. Le SNUDI-FO 53 avec sa fédération, son UD et sa confédération revendique plus que jamais l’abrogation de la réforme Macron-Borne.
Parmi les mesures censées « adoucir » les effets de cette réforme, a été annoncée l’extension aux agents publics d’un droit à une retraite progressive. La retraite progressive consiste à pouvoir travailler à temps partiel tout en touchant une partie de sa retraite.
Depuis le décret n° 2025-681 du 15 juillet 2025, elle peut être demandée dès l’âge de 60 ans.
La formule peut sembler à priori plutôt séduisante. Mais…
L’hypocrisie de ce dispositif saute aux yeux ! Alors qu’il a imposé deux années supplémentaires de travail pour partir en retraite, le gouvernement a étendu aux fonctionnaires le dispositif de retraite progressive déjà ouvert aux salariés du privé.
Mais à quel prix ? Qui pourra se permettre d’user de ce droit ? Qui pourra réellement se permettre d’en bénéficier, étant donné les conditions à remplir et les conséquences possibles sur le montant de la retraite définitive si on ne surcotise pas ?
Pour le SNUDI-FO 53 il s’agit bel et bien d’un écran de fumée pour faire passer une réforme unanimement rejetée et qui doit être abrogée.
Quelles sont les conditions d’obtention ?
3 conditions à respecter :
① Âge : 60 ans minimum, à partir du 1er septembre 2025, pour la catégorie active (les instituteurs) comme pour la catégorie sédentaire. Par contre, il n’y a pas d’âge maximum. La retraite progressive peut être demandée, même si vous poursuivez votre carrière au-delà de votre âge légal de départ à la retraite.
② Durée d’assurance : 150 trimestres d’assurance. Il s’agit de toutes les périodes pendant lesquelles vous avez travaillé ou cotisé (y compris congés de maternité, maladie …). Pour ces trimestres d’assurance, les périodes à temps partiel comptent comme des périodes à temps plein (4 trimestres maximum par année civile)
③ Temps de travail : Vous devez être à temps partiel, de 50 à 90 %. 2 cas possibles :
1) Vous êtes déjà à temps partiel de droit ou sur autorisation. Vous pouvez faire votre demande sans difficulté.
Attention : un temps partiel thérapeutique ne permet pas de faire une demande de retraite progressive.
2) Vous travaillez à plein temps. Dans ce cas, il faudra faire une demande de temps partiel, ce qui est clairement problématique car l’administration n’est absolument pas tenue de l’accorder, même pour permettre la retraite progressive. Des demandes à temps partiel sur autorisation sont ainsi régulièrement refusées, sous couvert des « nécessités de service ».
Le SNUDI-FO 53 peut vous conseiller pour toutes ces démarches. Chaque année, des collègues obtiennent gain de cause pour leurs demandes de temps partiel grâce à l’action du syndicat.
La procédure de demande
2 démarches distinctes :
1) La demande de temps partiel pour retraite progressive est une demande sur autorisation. Elle suit la même procédure que toutes les autres demandes de temps partiel. Ce sont donc aussi les mêmes dates, soit avant le 31 mars pour l’année scolaire suivante. (la date butoir du 15 mars fixée généralement dans la circulaire départementale n’est pas réglementaire).
Attention : dans l’Éducation nationale, les temps partiels n‘étant accordés que pour une année complète, si votre date de départ possible en retraite progressive tombe en cours d’année scolaire, vous devrez d’abord obtenir un temps partiel sur autorisation “normal”, donc rémunéré à temps partiel, avant de pouvoir bénéficier du complément de votre retraite progressive.
Si vous devez d’abord être en temps partiel “classique” avant le début de votre retraite progressive, une seule demande sera suffisante. Il faudra préciser sur le formulaire de demande la date à laquelle vous basculez en temps partiel pour retraite progressive.
2) La demande de retraite progressive doit, elle, être déposée au moins 6 mois avant la date de début de la retraite progressive, via votre compte Ensap. Vous préciserez à ce moment-là si vous travaillez déjà à temps partiel ou si vous avez déposé une demande.
Quand et comment serez-vous rémunéré ?
Votre retraite progressive démarre soit :
- le 1er jour du mois de vos 60 ans, si votre date anniversaire tombe le 1er.
- le 1er jour du mois suivant dans les autres cas.
Vous toucherez la part de traitement correspondant à votre temps partiel et un pourcentage de votre pension de retraite, égal à la différence entre 100 % et votre quotité de travail. Le montant pris en compte pour le calcul de ce pourcentage est celui de votre pension à la date du départ en retraite progressive.
Exemples :
– Un temps partiel à 50 % : durant cette période le fonctionnaire continue de percevoir son salaire au prorata du temps travaillé, soit 50 % de sa rémunération et une pension partielle équivalente au temps de travail non effectué, soit 50 % du calcul de la pension à la date d’effet de sa retraite progressive.
-Un temps partiel à 75 % : durant cette période le fonctionnaire continue de percevoir son salaire au prorata du temps travaillé, soit 75 % de sa rémunération, et une pension partielle équivalente au temps non travaillé, soit à 25 % % du calcul de pension à la date d’effet de sa retraite progressive.
La quotité de temps partiel peut être modifiée au cours de la retraite progressive, pour être augmentée ou diminuée.
Avec l’abaissement à 60 ans de la possibilité de départ, la décôte peut être importante. Un calcul est indispensable pour éviter les mauvaises surprises !
Fin de la retraite progressive
Le dispositif de retraite progressive s’arrête :
- quand vous prenez votre retraite définitive.
- si vous reprenez un poste à plein temps ou si le temps partiel est par la suite refusé. Attention : vous ne pouvez faire qu’une seule demande de retraite progressive.
- si vous exercez une activité rémunérée, en plus de votre emploi public.
Conséquence sur le montant de votre retraite
Quand vous êtes à la retraite progressive, vous continuez à cotiser pour votre retraite définitive sur votre traitement à temps partiel. Exemple : si vous travaillez à 50 % pendant deux ans, 4 trimestres seront validés en durée de liquidation, et 8 trimestres seront validés en durée d’assurance. Sauf si vous surcotisez (voir ci-dessous), le montant de cette retraite sera donc un peu moins élevé que si vous aviez continué à travailler à plein temps.
Au moment du départ, la pension sera liquidée sur la totalité des droits acquis avant et pendant la période de retraite progressive. Le calcul de la pension définitive s’effectuera sur la base du traitement indiciaire détenu depuis au moins 6 mois au moment de la cessation définitive de fonctions.
Pour garder le niveau de retraite que vous auriez eu en travaillant à plein temps, vous pouvez choisir de surcotiser. Voici les taux actuellement en vigueur :
Quotité travaillée | % de surcotisation |
50% | 22,25% |
60% | 20,02% |
70% | 17,79% |
75% | 16,67% |
80% | 15,56% |
90% | 13,33% |
La retraite progressive est donc loin d’être l’avancée sociale dont se vante le gouvernement :
- Ce n’est pas un droit puisqu’elle est conditionnée à l’obtention d’un temps partiel !
- Elle entraîne une baisse de revenu sur les années de retraite progressive, en particulier la 1ère année dans l’Éducation nationale, si vous devez d’abord demandé un temps partiel “classique”.
- Elle entraîne une baisse du montant de la retraite définitive.
Et pour les AESH ?*
Les AESH travaillent déjà à temps partiel (à 24 heures cela correspond à un temps partiel de 62%). Les AESH peuvent aussi prétendre à la retraite progressive. Les AESH, déjà à temps partiel, peuvent donc demander la retraite progressive à tous moments.
FO est à leurs côtés pour obtenir la nécessaire attestation de l’employeur, et pour les informer précisément sur leurs droits en la matière (nombre de trimestres, âge…) . Le SNUDI-FO 53 invite les AESH concernés à prendre contact avec le syndicat.
En cas de doute, pour être conseillé, accompagné : contactez le syndicat