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Nos responsables administratifs locaux, en collaboration avec le GDDE (qui nous le rappelons n’a aucune expertise ni légitimité à représenter les collègues) a publié récemment sur le site de la DSDEN et dans la “Lettre du jeudi” des 30 janvier et 6 février 2025 un protocole détaillant le fonctionnement de la “cellule départementale pour la continuité des parcours des élèves”. Il s’agit en réalité le protocole « d’accompagnement de la prise en charge des élèves en difficultés de comportement » présenté en groupe de travail (GT) le 7 novembre dernier et durant lequel FO avait été la seule organisation à refuser tant sa mise en œuvre que son contenu, qui comme on pouvait s’en douter, dédouane une fois de plus notre employeur de ses responsabilités. Nous avions d’ailleurs, lors de ce groupe de travail, contrairement aux autres syndicats, refusé de participer à son élaboration ou à son évolution.

A lire: le GT protocole du 7 novembre

Pour le SNUDI-FO, le seul protocole qui vaille, c’est la réponse aux revendications des personnels. FO dénonce à nouveau ce protocole et appelle les collègues à ne pas l’appliquer, et d’utiliser les outils réglementaires à disposition et avec le syndicat, pour faire valoir les revendications (RSST, RDGI, protection fonctionnelle, procédure d’alerte, audience…) !

En réalité, ce protocole est mis en place par notre employeur pour camoufler la non prise en charge de nos élèves les plus fragiles, le non-respect des notifications de la MDA (orientation IME, ITEP… et accompagnements AESH), le manque de postes RASED et d’enseignants référents, de PsyEN…

C’est ce que l’administration avait d’ailleurs reconnu en GT : “ce protocole n’apporte aucune solution”. (CQFD) Il s’agit d’une formalisation à l’écrit de ce qui peut se faire déjà. Les seules nouveautés sont ces cellules départementales “d’appui et d’analyse”, saisies pour les situations les plus complexes.

Pour certaines écoles, l’application de ce type de protocole impliquerait non seulement une responsabilité supplémentaire mais aussi des délais inacceptables face aux situations vécues. Il est indispensable de préserver la liberté d’action des équipes, seules compétentes à évaluer la marche à suivre en fonction des circonstances.

Cependant, à la lecture des actions que se propose de mettre en place cette cellule départementale, on peut fortement douter qu’il y ait des résultats probants :

Mais, au-delà de ces doutes, ce qui nous semble particulièrement grave, c’est que ce genre de démarches fait une nouvelle fois peser la responsabilité de la gestion des situations complexes, d’abord sur les enseignants. En effet, maintenant qu’existe ce protocole formalisé (que seul FO a refusé), il est bien évident qu’il sera tout à fait possible d’exiger de le suivre, tout comme de reprocher à postériori de ne pas l’avoir suivi. 

Voilà donc encore une source de culpabilisation pour chacun d’entre nous, alors même que l’Etat poursuit la mise en place de l’Acte 2 de l’Ecole inclusive, avec non plus 100 équivalents temps plein consacrés au développement des PAS mais 50 (lire à ce sujet), et la confirmation du plan d’intégration des IME dans les écoles.

D’ailleurs, nos responsables départementaux expriment clairement ce qu’ils attendent de ce protocole : « sortir de la problématique de l’urgence et transformer les situations complexes en situations gérables”

On est donc bien dans la politique du « faire avec » : les enseignants sont formés, on leur adjoint des « coachs/conseillers » issus de la destruction des RASED et des établissements médico-sociaux, on implante dans les écoles des Dispositifs d’Auto-Régulation (DAR)où se rendent d’eux-mêmes les élèves en crise … avec un protocole pour les enseignants qu’ils n’ont plus qu’à suivre à la lettre.

Malgré tout cela, chacun ne peut que constater la dégradation de nos conditions de travail et le sentiment que nous avons tous d’être arrivé au bout de ce système. Avec l’école inclusive à tout prix, l’École publique ne peut plus remplir ses missions d’enseignement correctement. 

Selon notre administration, ‘L’enjeu de ce protocole est de permettre aux équipes éducatives de prendre appui sur une feuille de route pour faire d’une situation complexe un objet de travail collectif et partenarial.’

De qui se moque t-on ? Alors que nous subissons l’école inclusive à marche forcée, que plus de 400 élèves dans notre département attendent un accueil adapté, une compensation matérielle, un AESH, et bien souvent du soin ; on voudrait nous rendre responsables de situations explosives, et en faire un “objet de travail collectif” ! Qui peut accepter cela.

Pour toutes ces raisons, le SNUDI FO 53 appelle à ne pas tenir compte de ce protocole. D’une part, seules les équipes enseignantes sont à même de déterminer la marche à suivre en fonction des circonstances. Et d’autre part, elles doivent continuer à se protéger et à protéger tous les enfants, y compris ceux auxquels on nie le droit à une scolarité appropriée  ainsi qu’un accès à des soins auxquels ils ont légitimement besoin. 

Dans toutes les situations, le SNUDI-FO 53 continuera d’être uniquement aux côtés des personnels, à les défendre en mettant notre employeur face à ses responsabilités …

Alors ne restez pas seuls et contactez-nous sans attendre que la situation empire et syndiquez vous : c’est le seul protocole qui sera efficace !

Le syndicat appelle tous les collègues à participer à la réunion publique prévue le 8 mars prochain à Laval, à 18h, maison de quartier Hilard.