Interview France 3 : stop aux inégalités de traitement
Alors que le président de la République entend rouvrir le débat sur la question des rythmes scolaires en juin prochain, le syndicat SNUDI-FO 53 appelle à la mobilisation le jeudi 22 mai pour défendre la semaine de 4 jours dans toutes les écoles mayennaises.

Le retour à quatre jours pour toutes les écoles de la Mayenne. C’est ce que réclament de nombreux parents d’élèves, enseignants et personnels de l’éducation nationale, alors qu’Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’une convention citoyenne sur les rythmes scolaires en juin 2025. Quitte à organiser un référendum “dans les mois qui viennent”.
Le syndicat SNUDI-FO 53 appelle à la mobilisation jeudi 22 mai, en fin de journée, devant les mairies de Laval, Mayenne et Château-Gontier-sur-Mayenne.
Dans ces trois villes, notamment, les enfants vont à l’école 4 jours et demi par semaine, ce qui est la règle sur le plan national. Mais en réalité, selon l’inspection d’académie, ce dispositif est adopté par seulement 30 % des écoles mayennaises, soit 55 écoles publiques et 21 écoles privées.
Un cadre national des rythmes scolaires
“Quand le dérogatoire devient la majorité, c’est peut-être que les lois sont mauvaises et qu’il faut s’interroger aussi sur le fonctionnement de l’école, s’insurge Stève Gaudin, secrétaire départemental du SNUDI-FO 53. Ce ne devrait pas être aux maires de décider d’instaurer tel ou tel rythme scolaire. Nous souhaitons qu’il y ait un cadre national de l’organisation de la semaine scolaire, une égalité de traitement”.

Le secrétaire départemental dénonce une inégalité de traitement qui désavantagerait les enseignants qui travaillent quatre jours et demi. “C’est un rythme qui coûte de l’argent. Certains professeurs chiffrent à plusieurs milliers d’euros d’écart avec les frais de déplacement, frais de garde, d’entretien du véhicule, ajoute Stève Gaudin.
“Beaucoup d’enseignants disent qu’ils ne travaillent pas quatre jours et demi, mais cinq jours. Ils sont présents le mercredi matin à l’école jusqu’à tard le midi. C’est du temps de travail conséquent et qui représente plusieurs journées de travail bénévole par an”.
Il dénonce une autre inégalité, entre les écoles privées et publiques, “comme à Château-Gontier, où les écoles privées sont à quatre jours et les publiques à quatre jours et demi”.
“Le jeudi noir”
“Plusieurs de mes collègues qui sont à quatre jours et demi parlent du “jeudi noir”, parce que les enfants sont rincés. Et les enseignants aussi. On met souvent en avant l’intérêt de l’enfant, mais pour ça, il faudrait déjà s’intéresser à la santé de l’école publique”.
“Les enfants sont bien à l’école quand les enseignants sont bien à l’école. Donc quand l’école publique sera bien traitée, quand on respectera le statut, les salaires, les conditions de travail des personnels, des enseignants et AESH (Accompagnant des élèves en situation de handicap), là, oui, l’intérêt des enfants sera respecté”.

Le SNUDI-FO 53 pointe par ailleurs le casse-tête administratif pour l’organisation du service de remplacement. “Certains enseignants se déplacent à la fois dans des écoles à quatre jours et d’autres à quatre jours et demi et dépassent les 24 heures de temps de présence devant les élèves avec des jours à récupérer en fin d’année et ce n’est pas simple à gérer, ajoute Frédéric Gayssot, secrétaire adjoint du syndicat. Mais surtout, on se retrouve avec des enseignants absents et qui ne sont pas remplacés”.
Il demande à ce que les maires de Laval et Château-Gontier-sur-Mayenne acceptent de “sonder” les familles. Demande jusque-là toujours refusée.
“Rien n’est tout blanc, rien n’est tout noir”
Et les parents, qu’en pensent-ils ? Pour Céline, maman de trois enfants scolarisés dans une école à quatre jours et demi et professeure des écoles remplaçante, “le retour à quatre jours permettrait indéniablement aux enfants de faire une vraie pause le mercredi, mais ça dépend vraiment du rythme de chaque famille”.
Selon elle, la priorité, c’est avant tout de mettre tout le monde au même rythme, quel qu’il soit. “Laisser le choix aux communes, ça fait quelque chose de décousu et ça amène finalement plus de complications. Il faut prendre une décision”.
On n’arrivera jamais à faire consensus sur cette question, mais il faut trancher. Il faut une unité, quelque chose de communCéline
Mère de famille et enseignante remplaçante
Si Céline reconnaît, qu’à la base, “l’idée de la semaine à quatre jours et demi était peut-être bonne”, elle estime aujourd’hui “qu’il n’y a plus vraiment de bénéfice”. L’enseignante ajoute : “Il n’a jamais été démontré que les enfants scolarisés quatre jours et demi avaient de meilleurs résultats scolaires que ceux scolarisés sur 4 jours”.
Le débat sur les rythmes scolaires est à nouveau relancé. Le syndicat SNUDI-FO 53 appelle à se rassembler le 22 mai à 18h devant les mairies de Laval, Mayenne et Château-Gontier.